samedi 1 décembre 2007

We Feel ¤ Somewhere Everywhere / On the Screen


Que dire de cette merveilleuse pépite issue de la scène obscure et méconnue du rock-psych’ luxembourgeois… sinon qu'elle est l'oeuvre des We Feel, le seul autre groupe du genre (et de l'époque) originaire du Luxembourg dont nous ayons connaissance, après les fabuleux Cool Feet.
Très peu d’informations circulent sur cette formation rock dirigée par le certes plus célèbre, mais non moins énigmatique, Jean Eckian. En effet cette sortie du label CBS (que nous situerons en 1969, à une année près) ne ressemble en rien à ce qu'Eckian pouvait faire à l’époque. Il était en effet plutôt tourné vers les « univers » musicaux tout à fait convenus et indescriptibles, sinon impénétrables, de Jacques Dancourt, Blanchard, Maximilien, Michel Fugain ou encore Annie Cordy. En somme, les We Feel se présentent comme un éclair de folie dans le parcours de ce directeur artistique à première vue anecdotique.
Cela dit Jean Eckian a produit en 1971 le single du groupe Skins, dont on raconte qu'il a ensuite donné naissance au fabuleux disque Araconga, ainsi que l'envoûtant "La Passion Selon Judas" de Majoie Hajary. Des projets musicalement très excitants, mais qui n'ont pas eu le moindre succès commercial. Nous n'en dirons pas plus...
En tout cas il semble bien que le 45 tours que nous présentons ici soit l’unique parution du quartet We Feel qui, comme il est indiqué au dos de la pochette, a tout de même d'une certaine manière imité le grand James Brown ! Attention toutefois, ce n'était pas en dynamitant l'Apollo Theater ou en trustant les premières places des Charts US, mais plutôt en effectuant une tournée au sud-Vietnam d'environ un an (en 1967-68) pour soutenir les troupes américaines... De retour sur le Vieux Continent, les We Feel ont enregistré ce single resté visiblement sans suite et destiné à devenir le tube des clubs et discothèques de l’époque. En vérité il n'est pas évident que les deux titres proposés puissent réellement enflammer le dancefloor... Ce n’est pourtant pas faute de contenir un superbe morceau rock psych’ - dénommé "Somewhere Everywhere" - qui propose une wah-wah agressive, des claps soutenant le refrain, une rythmique folle (et le terme est justement choisi : prenez garde aux breaks épileptiques de Pipo le batteur !) et un chorus aérien de Charly à la guitare ! Après la rugosité de ce deep-rock explosif, "On the Screen" se présente comme une ballade aux accents psych' pop inimitables ; cependant le repos n’est toujours pas au rendez-vous, et le son reste sévère et bien lourd. Les deux compositions sont signées L. Haas et C. Hornemann, deux membres du groupe, enfin c’est une supposition car seuls les surnoms des musiciens de ce quatuor (énigmatique lui aussi) nous sont communiqués.
Au final, voilà une sortie obscure de la prolifique série Gemini dont on espère découvrir d'autres raretés, au fur et à mesure que ce disque remplira à nouveaux les dancefloors de toutes les discothèques de France ! On peut rêver.

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jeudi 1 novembre 2007

lundi 1 octobre 2007

Jean Dinardo et son Groupe : les W ¤ Lucky-Girls / New-Times Rock


On commence en fanfare, enfin façon de parler, avec une petite rareté des plus sympathiques : Jean Dinardo, un nom qui ne vous dit sans doute pas grand chose... Il y a de quoi. Le bonhomme n'a que quelques singles et EPs de valse-tango-musette à son passif, enregistrés entre 1967 et 1970 pour les labels Vega, Orly ou Présence. Tout juste peut-on mentionner un 7" EP 6 titres (catalogué lui aussi "Dance with...") de 1969 sur Orly, où le mieux (deux jerks à la Juanico) nous est offert par Pierre Sellin et sa trompette, car sincèrement le tango, même à la Dinardo, c'est pas notre came ! Au passage et par correction nous n'évoquerons pas la bande des amigos de François (paix à leur âme).
Ahh les petits labels parisiens... un magma assez indescriptible, avec Neuilly, Orly, Afa et consorts... il nous semble que Vega, une division des éditions musicales Présence, est devenue ensuite Orly, le label Festival en assurant la distribution. On ne s'apesantira pas sur le sujet, toutefois n'hésitez pas à partager avec nous vos éventuelles connaissances en la matière...
Revenons-en au début et à ce Dinardo. Qui était-il ? Eh bien il n'est pas facile de répondre de manière précise car le personnage peine à enflammer les passions. Les amateurs de variété chauvine (chauviniste ?) préfèrent réécrire la bio de Cloclo pour la centième fois plutôt que de défricher les archives du musette parisien (ou périgourdin). Difficile de savoir qui a raison, et comme on s'en tape totalement on éludera le sujet sans trop de scrupules. De vous à nous, s'il faut retenir un disque de Jean Dinardo, c'est celui que nous exhumons ici même, qui soit dit en passant porte le n°9 dans la bien-nommée série "Dance With..." dont nous parlions à l'instant.
En plus des EPs tels que celui décrit plus haut, cette série comporte une dizaine de singles, la plupart n'étant pas numérotés. Au programme d'autres jerks bien sûr, mais aussi du shuffle-rock et des parenthèses latinisantes tout à fait sympathiques. Le meilleur de tous est certainement le n°7 signé par Les Requins, le backing band de Luc Harvet.
Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à notre chèvre : Dinardo  qui, pour faire vite, est l'un de ces multiples anonymes ayant temporairement occupé la fonction d'arrangeur/chef d'orchestre/fusible quand on le leur a demandé. Certains tels Luc Harvet justement, Pierre Dutour, Hervé Roy ou André Verchuren sont passés à la postérité, avec des réussites variables, et bien que Dinardo ait lui aussi tâté de l'accordéon, on le rangera avec les trois premiers (à moins qu'il n'y ait quelque chose à garder chez Dédé ? ah oui : la collection de voitures, probablement dispersée maintenant. Bah).
Signalons que Luc Harvet (ou Harvey) a lui aussi surpris son monde avec quelques productions forts convenables : sur le "Dance With..." n°4, cet organiste nous a gratifié du succulent "Nothing to Do" (aussi paru sur un EP), compilé chez Cosmogol et qui fait un tabac dans les soirées jerkbeat. Nonobstant, Harvet était majoritairement dépositaire d'arrangements kitsch de première bourre, nous sommes d'accord là-dessus.
Mais cessons à la fin de fuir notre sujet et concentrons-nous sur ce magnifique double-sider de 1973, "Lucky-Girls / New-Times Rock". Jean Dinardo est accompagné d'un Groupe au nom assez énigmatique : "les W". Vous connaissez ? Non ? C'est normal. D'aucuns prétendent qu'ils avaient des dents pointues et un aileron dans le dos... aha. En tout cas on est en droit d'espérer autre chose que ces horribles disques d'accordéon. Oui. Fini les affreuses sonorités mécanico-criardo-métalliques du soufflet à touches, ce 45 nous offre deux petits bijoux enregistrés par un big band parfaitement en phase avec les excellentes partitions signées... Ramon Chiloë et Carl Pilser ! On ne rit pas... En tout cas si ce ne sont pas des pseudos c'est rudement bien imité.
Sur la face A, on trouve un morceau assez court du nom de "Lucky-Girls" où les cuivres (saxophone baryton, trombones et trompettes) se partagent les honneurs. L'introduction mohawksienne (sic) à base d'orgue Hammond et de guitare basse à cordes plates met tout de suite en confiance. Le tempo est modéré, mais le groove vous maintient dans le move du début à la fin. Une légère sudation se fait sentir au changement de tonalité... mon dieu, du Dinardo qui groove... ça semble difficile à croire, et pourtant c'est vrai ! Merci les W...
Sur la face B c'est "New-Times Rock" qui nous est offert et alors là je demande votre attention avant d'ouvrir les hostilités. Cela fait un moment que les seventies s'égrènent et que les dancefloors font la part belle au funk, pourtant c'est un jerk survolté qui vous sera livré pendant deux minutes quarante, alors ne faillissez pas. Préparez-vous à sérieusement brasser de l'air car sur ce cut l'aiguille des bpm dépasse allègrement les 150...! Mais maintenant que les superbes compiles "Ouh la la..." des sélectionneurs précités vous y ont entraîné, vous craignez plus pour vos sphincters que pour vos articulations... Par rapport à "Lucky-Girls", on note la présence d'un riff de guitare wah-wah très engageant dès l'entame et surtout d'un thème simplissime absolument contagieux martelé par les trompettes, entrecoupé de moult drumbreaks énergiques soulignés par les gros cuivres (trombones et tubas). L'auditeur-danseur fou est immédiatement propulsé dans l'adimension et se laisse embarquer par ce rythme frénétique qui atteint son paroxysme lors d'un chorus hélas trop court d'orgue Hammond, lequel achève définitivement de vous faire exploser la tête (oui parfaitement) si ce n'était pas déjà fait !!!! Dites-vous bien qu'il y a 40 ans c'est avec ça qu'on mettait le feu dans les discothèques...
En conclusion et pour enfoncer le clou s'il en était besoin, ce disque est une petite merveille ! C'est bien là que réside la FORCE de ces diables de singles : les thèmes sont à la fois mélodieux et faciles à mémoriser. En somme, simples et efficaces. On en redemande !

Et d'ailleurs : zstp://www66.zippyshare.com/v/ZLGzHE03/file.html